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PREMIÈRE MOITIÉ DU XVI° SIÈCLE 165
cet insuccès est moins imputable aux tapissiers, tirés brutalement et sans préparation de leurs traditions et de leurs habitudes, qu'au pape qui leur imposait une tâche au-dessus des forces humaines. Il fallait envoyer aux ateliers llamands quelques compositions dans le genre des merveilleuses fantaisies qui couvrent les loges du Vatican, et non ces scènes grandioses, conçues dans le style sévère des fresques.
Léon X choisit, pour lui confier l'exécution de la tenture des Actes des apôtres, un Bruxellois nommé Pierre d'Enghien, dit van Aelst. Ce maitre tapissier tenait un rang éminent parmi ses contemporains.
Dès l'année 1497, il est au service de Philippe le Beau et exécute pour ce prince une chambre à figures de bergers et de bergères. A partir de cette date, il ne cesse de travailler pour les souverains des Pays-Bas, jusqu'au moment où son mérite reconnu le désigne à l'attention du pape. Il livre encore, en 1504, divers tapis velus à Philippe le Beau, qui, pour l'attacher plus étroitement à sa personne, lui confère le titre de valet de chambre.
Cest ensuite la gouvernante des Pays-Bas qui s'adresse à Pierre van Aelst, en 1512, et lui fait tisser une généalogie des rois de Portugal, destinée à être offerte à l'empereur Maximilien. Tous ces détails ont été recueillis dans les archives de Bruxelles par Alexandre Pinchart.
Nous savons déjà que, de 1515 à 1519, notre tapissier, désormais célèbre entre tous, est absorbé par la traduction des fameux cartons de Raphaël.
Après l'achevement des Actes des apôtres, il est chargé par le pape de traduire en haute lice les scènes de la Vie du Christ, qui se voient encore au Vatican. Les modèles de cette série, après avoir été longtemps attribués à Raphaël, ont été reconnus indignes de son génie; ils furent probablement dessinés par les élèves du maître, et sur ses esquisses. Bien inférieure aux Actes des apôtres, cette suite ne fut achevée qu'en 1530, sous le pontificat de Clément VII.
De l'atelier de van Aelst paraissent sortir également les Enfants jouant, commandés aussi par Léon X, et tissés sur les cartons de Jules Romain et de François Penni, ou peut-être de Jean d'Udine, et les Grotesques, datant, à peu près de la même époque. Plusieurs pièces de la série des Jeux d'enfants décorent aujourd'hui, assure-t-on, les appartements de la princesse Mathilde, à Paris.
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